Les élèves des seize établissements des académies de Créteil, Paris et Versailles ainsi qu'un un lycée Québécois se sont retouvés vendredi 28 janvier 2011 pour décerner le prix au film de Robert Guédiguian : l'Armée du crime.
Khalil juste avant le débat, porte parole de la classe de seconde 5 du lycée Jean Renoir de Bondy.
Article du Parsien
Après deux heures de débat, « l’Armée du crime » de Robert Guédiguian a remporté, hier, le prix lycéen du cinéma devant « le Concert » de Radu Mihaileanu.
VALENTINE ROUSSEAU | Publié le 29.01.2011, 07h00
MEAUX, RESTAURANT LA PÉNICHE.
Les lycées des quartiers, que ce soit Jean-Renoir à Bondy (Seine-Saint-Denis), Jean-Jacques-Rousseau à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) ou Mozart au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), ont largement préféré « Un prophète », de Jacques Audiard. Mais hier, le prix lycéen du cinéma a distingué « l’Armée du crime », de Robert Guédiguian. Les jeunes du jury, qui ont délibéré à Meaux, ont aimé le combat mené par un groupe de jeunes juifs étrangers voulant libérer la France de l’occupation allemande.
Pour sa seconde édition, ce festival présentait dix films français. Objectif : ouvrir la culture cinématographique aux ados plutôt branchés films américains. Les quinze lycées franciliens
participants, rejoints par un lycée du Québec, ont aiguisé leurs arguments avec passion et ténacité pour la majorité. Deux heures de débat sans relâche, avec en duel final « l’Armée du
crime » face au « Concert », de Radu Mihaileanu.
« L’Armée du crime » qui mêle l’art et la passion
La classe de Xavier, à Dourdan (Essonne), n’a pas aimé le lauréat : « L’histoire d’un film n’en fait pas sa qualité. Les scènes de torture sont inutiles… » A côté de lui, Francis,
Québécois lycéen en filière de cinéma, défend ce film qui mêle « l’art et la passion, où le violon couvre le bruit de l’imprimerie sur les tracts. Moi aussi j’ai envie de changer le monde.
Ce réalisateur met l’humain au centre du film ». Quand il demande à la cantonade qui connaît cet aspect de la Seconde Guerre mondiale, les têtes se secouent. Négatif.
Arnaud, de Montereau, a beau défendre « le Concert », « sa fin inattendue, les clichés comiques sur toutes les nationalités », il ne convainc pas les autres. Le même vent de combat pour ses idéaux soufflait l’année dernière. Les lycéens avaient élu à l’écrasante majorité « Welcome », de Philippe Lioret. Marguerite s’emballe et répète que « l’Armée du crime » est le seul film à faire l’unanimité dans sa classe : « Les images d’époque réutilisées en couleur, c’est comme le passé qui entre dans le présent. Ce film montre un poète qui va à l’encontre de ses principes, comme utiliser une arme, pour défendre un pays qu’il aime et qui n’est pourtant pas le sien. » Sa classe a adoré « les sentiments forts, tant au niveau familial, historique et politique ». La classe de Marion, du lycée parisien Massillon (IVe arrondissement), avoue que ses camarades « n’en peuvent plus de la Seconde Guerre mondiale étudiée de long en large ».
En arrivant, chacun pensait que le choix de sa classe serait identique aux autres. Que les jeunes de Bondy ont les mêmes goûts que ceux de Dourdan ou de Meaux. Ils ont découvert leur différence, ont discuté avec entrain mais toujours avec respect. Un festival qui emballe les esprits et bouscule les habitudes. Arnaud, de Montereau, s’est rendu compte qu’on « peut apprécier un film même s’il n’est pas médiatisé. Jusqu’à présent, j’allais voir les mêmes films que les autres, comme un mouton. Maintenant, je vais réfléchir à deux fois avant d’acheter mon billet ».
Les lycées de Seine-et-Marne qui ont participé : Moissan et Vilar à Meaux, le Gué-à-Tresmes à Congis-sur-Thérouanne, Flora-Tristan à Montereau, Uruguay-France à Avon, Charles-le-Chauve à Roissy-en-Brie.
Le Parisien