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17 avril 2013 3 17 /04 /avril /2013 15:59

Affiche PJRL 228987Mardi 9 avril 2013, deux délégués par classe, en provenance de toutes les académies et du lycée français de Shangaï ont convergé vers la capitale afin de rencontrer les professionnels du cinéma représentant les huit films en lice.

Laurent Cantet a répondu aux questions au sujet de Foxfire et NamirAbdel Messeeh a répondu aux questions au sujet de son film “La Vierge, les Coptes et moi”. Le film Rengaine était défendu par un acteur du film, tandis que les autres films étaients représentés par leurs distributeurs...

cesar-doit-mourir

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 15:55

Les élèves des seize établissements  des académies de Créteil, Paris et Versailles ainsi qu'un un lycée Québécois se sont retouvés vendredi 28 janvier 2011 pour décerner le prix au film de Robert Guédiguian : l'Armée du crime.

 

Khalil juste avant le débat,  porte parole de la classe de seconde 5 du lycée Jean Renoir de Bondy.

 

Photo0239.jpg

 

 

 

Article du Parsien

Les lycéens élisent leur film coup de cœur



Après deux heures de débat, « l’Armée du crime » de Robert Guédiguian a remporté, hier, le prix lycéen du cinéma devant « le Concert » de Radu Mihaileanu.

VALENTINE ROUSSEAU | Publié le 29.01.2011, 07h00

  MEAUX, RESTAURANT LA PÉNICHE.

Les lycées des quartiers, que ce soit Jean-Renoir à Bondy (Seine-Saint-Denis), Jean-Jacques-Rousseau à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne) ou Mozart au Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis), ont largement préféré « Un prophète », de Jacques Audiard. Mais hier, le prix lycéen du cinéma a distingué « l’Armée du crime », de Robert Guédiguian. Les jeunes du jury, qui ont délibéré à Meaux, ont aimé le combat mené par un groupe de jeunes juifs étrangers voulant libérer la France de l’occupation allemande.

Pour sa seconde édition, ce festival présentait dix films français. Objectif : ouvrir la culture cinématographique aux ados plutôt branchés films américains. Les quinze lycées franciliens participants, rejoints par un lycée du Québec, ont aiguisé leurs arguments avec passion et ténacité pour la majorité. Deux heures de débat sans relâche, avec en duel final « l’Armée du crime » face au « Concert », de Radu Mihaileanu.

« L’Armée du crime » qui mêle l’art et la passion

La classe de Xavier, à Dourdan (Essonne), n’a pas aimé le lauréat : « L’histoire d’un film n’en fait pas sa qualité. Les scènes de torture sont inutiles… » A côté de lui, Francis, Québécois lycéen en filière de cinéma, défend ce film qui mêle « l’art et la passion, où le violon couvre le bruit de l’imprimerie sur les tracts. Moi aussi j’ai envie de changer le monde. Ce réalisateur met l’humain au centre du film ». Quand il demande à la cantonade qui connaît cet aspect de la Seconde Guerre mondiale, les têtes se secouent. Négatif.

Arnaud, de Montereau, a beau défendre « le Concert », « sa fin inattendue, les clichés comiques sur toutes les nationalités », il ne convainc pas les autres. Le même vent de combat pour ses idéaux soufflait l’année dernière. Les lycéens avaient élu à l’écrasante majorité « Welcome », de Philippe Lioret. Marguerite s’emballe et répète que « l’Armée du crime  »  est le seul film à faire l’unanimité dans sa classe : « Les images d’époque réutilisées en couleur, c’est comme le passé qui entre dans le présent. Ce film montre un poète qui va à l’encontre de ses principes, comme utiliser une arme, pour défendre un pays qu’il aime et qui n’est pourtant pas le sien. » Sa classe a adoré « les sentiments forts, tant au niveau familial, historique et politique ». La classe de Marion, du lycée parisien Massillon (IVe arrondissement), avoue que ses camarades « n’en peuvent plus de la Seconde Guerre mondiale étudiée de long en large ».

En arrivant, chacun pensait que le choix de sa classe serait identique aux autres. Que les jeunes de Bondy ont les mêmes goûts que ceux de Dourdan ou de Meaux. Ils ont découvert leur différence, ont discuté avec entrain mais toujours avec respect. Un festival qui emballe les esprits et bouscule les habitudes. Arnaud, de Montereau, s’est rendu compte qu’on « peut apprécier un film même s’il n’est pas médiatisé. Jusqu’à présent, j’allais voir les mêmes films que les autres, comme un mouton. Maintenant, je vais réfléchir à deux fois avant d’acheter mon billet ».

 

Les lycées de Seine-et-Marne qui ont participé : Moissan et Vilar à Meaux, le Gué-à-Tresmes à Congis-sur-Thérouanne, Flora-Tristan à Montereau, Uruguay-France à Avon, Charles-le-Chauve à Roissy-en-Brie.

Le Parisien

 

 

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 13:50

 2-prix-lyceen.jpg

 

Bilan du Prix lycéen du cinéma 2010-2011

 

26 élèves sur 27 n’avaient vu aucun film de la sélection proposée.

 

Un quart des élèves vont au cinéma 5 à 10 fois, un autre quart plus de 20 fois.

 

Les salles fréquentées à 90% sont celles de l’UGC Rosny 2.

 

37% des élèves ont apprécié aller au cinéma Malraux de Bondy à pied.

 

80% des élèves ne connaissaient pas le Forum des images avant leur venue le 2 décembre pour rencontrer les réalisateurs des films sélectionnés

 

37% se sont rappelés du nom d’au moins un réalisateur. C’est Nathan Miller, réalisateur du film Je suis heureux que ma mère soit vivante, qui est le plus cité.

 

Palmarès

 

Un Prophète de Jacques Audiard (63% des suffrages) Voir l'article suivant rédigé par Khalil : pourquoi la classe a retenu Un prophète.

 

Je suis heureux que ma mère soit vivante de Claude et Nathan Miller

(22% des suffrages)

 

Le film rejeté à la grande majorité est : l’Enfer d’H-G Clouzot de Serge Bromberg

(74% des suffrages).

 

74 % des élèves disent avoir découvert des films français de genres différents qu’ils n’auraient jamais choisi d’aller voir au cinéma.

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4 février 2011 5 04 /02 /février /2011 13:16

                             UN PROPHETE

Film de Jacques Audiard avec Tahar Rahim,Niels Arestrup,Abdel Bencherif,Reda Kateb ( 2h30 )

Introduction : C'est un film Admirable qu'on a vu. C'est un film sur l'univers de la prison . C'est aussi un récit de vengeance , une ascension d'Un prophète ( Malik ) tout au long d'un scénario gorgé de suspens.
Nous avons choisi ce film pour :

- Son coté documentaire ; ce film est très réaliste, il décrit bien la vie à l'intérieur de la centrale il nous permet de mieux en comprendre l'organisation. Des scènes sont moins crédibles notamment où l'on voit les Corses et Malik qui se baladent dans toute la centrale.

 

 

- La façon dont il a été filmé : les scènes sont perçues à travers le regard de Malik. Grâce a ce procédé on comprend mieux  ses raison d'agir , son état d'âme ses pensées comme au moment qui précède le meurtre de Reyeb.                Le spectateur comprend alors qu'il n'a pas le choix et qu'il est contraint de passer a l'acte. Les jeux de lumières utilisés dans le film contrastent les scènes et accentuent les nombreuses émotions que l'on peut ressentir lors des actions. Par exemple , les visions de Malik sont filmées avec une lumière différente ce qui permet de comprendre que Reyeb est présent sous forme de spectre.

 

 

-Car il est ancrée dans le monde actuel . Nous avons eu une facilité a nous identifier aux personnages principaux grâce au langage utilisé et à leurs pérsonalités. La musique nous est familière et l'on voit apparaitre un chanteur connue ( Demon one ) . La situation de Malik ne nous est pas étrangére car aujourd'hui on voit beaucoup de jeunes dans le même cas.

 

Khalil, 2°5
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8 décembre 2010 3 08 /12 /décembre /2010 11:45

2009-09-17_22-21-06_affiche-prixcinemalyceen.jpgRencontre avec des professionnels du cinéma au Forum des Images (jeudi 2 décembre)

 

Le jeudi 2 décembre, les classses participant au Prix lycéen du cinéma ont rencontré certains des réalisateurs ou des professionnales des films programmés. Les élèves sont pu leur poser des questions.

 

Intervenants

 

Hugues Poulain, chef opérateur sur Mammuth.

Aurélia Petit, actrice sur Tournée.

Nathan Miller, co-réalisateur de Je suis heureux que ma mère soit vivante.

Robert Guédiguian, réalisateur de L’armée du crime.

Thomas Bidegain, scénariste sur Un prophète.

Jacques Audiard, réalisateur d'Un prophète.

Serge Bromberg, co-réalisateur de l'Enfer.

 

 

Interventions

 

Robert Guédiguian, réalisateur de L’armée du crime

Les personnages sont des héros, des personnages positifs et ils meurent jeunes.

La difficulté du film était de savoir comment tourner avec des personnages si positifs.

Casting : le réalisateur a vu quelque uns de ces acteurs jouer quand ils avaient 14ans. Il a choisit des personnes qu’il apprécie.

 

 

Hugues Poulain, chef opérateur sur Mammuth

Les personnages sont des caricatures et représentent aussi la France profonde.

 

 

Aurélia Petit, actrice sur Tournée

C’est formidable de jouer avec un réalisateur qui est acteur, il suffisait de vivre ce moment, et qu’il me donne des ordres simplement en me regardant. Le New Burlesque représente la Liberté, les danseuses font parler leur corps; leur beauté est le contraire de la beauté maigre. Mathieu Amalric a adoré le spectacle de ces femmes. On peut parler de documentaire car ces femmes existent en tant que tel et elles faisaient leur travail. On peut aussi parler de fiction car le personnage de Mathieu et l’histoire ont été inventé. Le message était de montrer la difficulté d’être producteur.

 

 

A l'origine

C’est l’histoire vraie d’un homme qui se fait passer pour un chef de chantier qui part de rien et qui arrive à construire une parcelle d’autoroute. Il y a une fascination du réalisateur pour le personnage principal.

 

 

Nathan Miller, co-réalisateur de Je suis heureux que ma mère soit vivante.

On a choisit Vincent Rottiers car on le voyait déjà dans le rôle, le réalisateur a trouvé des ressemblances entre Vincent et le personnage principal.

On début Vincent Rottiers avait cru à un canular donc il n’était pas allé au premier rendez-vous, son agent a dû lui expliquer que ce n’était pas un canular. Donc il y a eu un deuxième rendez-vous, auquel Vincent est arrivé en retard.

On a montré la scène du fils qui poignarde sa mère, car il s’agit d’un enfant qui veut tuer sa mère. C’est une séquence compliquée et j’espère qu’elle vous a fait mal car enfoncer un couteau dans la chair d’un être aimé est très difficile. On a essayé d’être honnête en tournant cette scène.

Le film commence par le personnage principal à vingt ans puis nous somme dans ses pensés, il se rappelle de ses souvenirs quand il était petit. Avec cette séquence on voulait faire croire que tout va bien et quand on soulève le tapis on remarque que c’est compliqué.

 

 

L’enfer

Je voulais que le spectateur comprenne la psychologie des personnages et de faire comprendre l’histoire pour que le spectateur soit dans l’action.

Les rushs : j’avais vu l’Enfer de Chabrol et je suis allé voir la veuve de Clouzot. Elle m’a dit que j’étais le centième à venir lui demander les rushs de l’Enfer. Elle ne voulait aps me les donner. Puis je suis resté enfermer trois heures dans l’ascenseur avec elle. En trois heures on a eu le temps de nous raconter nos vie. Et quand nous sommes sortis de l’ascenseur elle m’a dit : avec vous il s’est passé quelque chose. Et c’est comme ça que j’ai eu les rushs de l’Enfer.

 

 

Margaux A. seconde 5

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 16:49

19201618-r 760 x-f jpg-q x-20091119 011921Avant de visonner le film lundi 29 novembre, lire l'article qui suit et visionner la bande annonce.

 

Télérama, Samedi 12 décembre 2009

Articulé autour de trois trajectoires apparemment disjointes, Qu'un seul tienne et les autres suivront se veut une histoire à la fois romanesque et militante. Romanesque pour le portrait d'une adolescente qui découvre l'amour au côté d'un voyou, et le parcours d'une mère algérienne cherchant à élucider la mort de son fils. Militante, aussi, car le lieu où vont converger ces deux femmes, ainsi qu'un jeune homme largué (Reda Kateb, remarqué dans Un prophète, de Jacques Audiard), est le parloir d'une prison. Enfermement, violence dans les rapports humains, avenir incertain : plusieurs pistes s'ouvrent. Trop, peut-être. Léa Fehner, cinéaste de 28 ans qui signe là son premier long métrage, manque parfois de concision, ainsi lorsque son personnage algérien (Farida Rahouadj) rencontre la soeur du meurtrier de son fils : les sanglots récurrents de Delphine Chuillot alourdissent considérablement le récit.

Mais la peinture de l'amour naissant entre un jeune voyou et une adolescente de bonne famille est brillante. Vincent Rottiers (Je suis heureux que ma mère soit vivante, de Claude Miller) et Pauline Etienne, vue l'an dernier dans Elève libre, de Joachim Lafosse, se rencontrent dans un bus de nuit. Cette scène, drôle et pourtant déjà dramatique, est l'une des plus jolies du film. L'innocence butée, la fougue érotique de la jeune fille vont entrer de plein fouet en collision avec l'implacable réalité de la prison où l'amoureux atterrit : au fil des visites, ces deux-là passeront de la complicité à l'incompréhension, de l'amour à la violence. Là se nichent la tension et la beauté du film, plus que dans la scène « climax » où tous se retrouvent au parloir, proche de l'exercice de style.

Juliette Bénabent


 

"Qu'un seul tienne et les autres suivront" : la prison, vécue par ceux qui sont dehors

08.12.09 | 15h37  •  Mis à jour le 15.12.09 | 10h00

La prison est un mur, et il n'est pas simple, lorsqu'on est dehors, d'avoir accès au dedans. Le titre du premier film de Léa Fehner induit une dignité, celle des proches de détenus. Tenir debout : tel est le mot d'ordre de ses personnages, dotés d'une force que la jeune femme du prologue n'a pas - elle craque à l'entrée d'un parloir, implorant une aide qui ne vient pas. Les trois autres, dont on suit la trajectoire, se débattent dans le silence.

Il y a Laure, une jeune bourgeoise, garçon manqué, jouant au foot, draguée par Alexandre, brave banlieusard en révolte. Une idylle naît, Laure est amoureuse, tombe enceinte, mais Alexandre fait une connerie et se retrouve derrière les barreaux. Un drame pire pour elle que pour lui. Elle a caché son histoire à ses parents, elle est mineure donc interdite de visite, sauf accompagnée...

Il y a Zohra, une Algérienne dont le fils a été assassiné, et qui, au tréfonds de son chagrin, cherche à comprendre, découvre l'homosexualité de son gamin, et conquiert l'amitié de la soeur du criminel afin de pouvoir approcher celui-ci, interroger l'homme qui a anéanti sa vie.

Il y a Stéphane, tiraillé entre une mère asphyxiante et une copine dominatrice, qui finit par le quitter. Stéphane court après lui-même. Sa brutalité est une carapace, il est en miettes. On lui propose contre argent de prendre la place d'un voyou incarcéré dont il est le sosie. Ce qui provoque un drame de conscience et nécessite d'humiliantes répétitions.

Qu'un seul tienne et les autres suivront est un film pensé. Les fils n'y sont pas invisibles. Le dénouement, qui voit les personnages des trois récits se rejoindre dans le parloir, zone symbolique, peut sembler théâtral. On ne croit qu'à moitié à l'épisode Zohra ; la dialectique de cette Mère Courage laisse perplexe, en partie à cause du déficit d'émotion qu'elle suscite.

Ce n'est pas le cas des deux autres histoires, grâce aux comédiens. Propulsé dans Je suis heureux que ma mère soit vivante, de Claude et Nathan Miller, et A l'origine, de Xavier Giannoli, Vincent Rottiers, attachant petit voyou, est très crédible. Sa partenaire, Pauline Etienne, est touchante. Avec sa gueule cassée de Gitan prêt à péter les plombs, mais à l'âme d'enfant, Reda Kateb a de la présence. Et le talent de sa jeune complice, la Russe Dinara Droukarova, n'est plus à démontrer.

Ces quatre acteurs séduisent si bien la caméra que le film dépasse son concept et réussit à incarner une intrigue tissée sur le double, la ressemblance, la permutation des situations.

 

Film français de Léa Fehner avec Vincent Rottiers, Pauline Etienne. (2 heures.)

Jean-Luc Douin

Article paru dans l'édition du 09.12.09

 

 

 

Les Inrocks

Un portrait de la France contemporaine, précaire et réprimée. Un premier film inégal mais prometteur.

Avec ce premier film, Léa Fehner ne manque pas d’ambition. Elle mène non pas un mais trois récits, développés en montage parallèle, et qui finiront par se frôler dans le parloir d’une prison. Soit Stéphane, coursier trentenaire, économiquement et sentimentalement précaire, à qui l’on propose de prendre temporairement la place d’un taulard contre une importante somme d’argent. Soit Zohra, Franco-Algérienne en deuil de son fils et qui cherche à comprendre les circonstances de sa mort. Soit Laure, adolescente bourgeoise et footballeuse, qui s’amourache d’un jeune révolté incarcéré pour trouble à l’ordre public. A travers ces trois histoires s’ébauche un tableau de la France contemporaine, société métissée, fliquée, précarisée, pays en proie à diverses convulsions nées de la crise économique et d’une chape politique répressive. Léa Fehner ne nomme jamais Sarkozy, mais suggère les dysfonctionnements sociaux et l’ambiance maussade du pays par certaines scènes savamment distillées – comme cette expulsion musclée de sans-logis. Par ses choix de casting (des acteurs peu connus mais qui ont des “tronches”), l’âpreté de certaines séquences où ça gueule et ça castagne, un filmage sans fard, le cinéma de Fehner pourrait être estampillé “pialatien”. Mais la réalisatrice tempère son réalisme social brut de brut par des plages plus silencieuses, contemplatives, intérieures, caméra posée, plans composés et musique signifiante, comme hésitant entre deux esthétiques, deux régimes de regard (l’action et la réflexion). Elle a la main parfois lourde dans l’expression de la mouise de ses personnages : trop de larmes, trop de cris, trop de visages affligés, cela peut parfois confiner au dolorisme. Il y a aussi un côté besogneux dans la façon de réunir les trois récits et de boucler le film : conclusion scénaristiquement scolaire, direction d’acteurs pesamment psychologique, brin de complaisance dans la façon de différer plus que de raison un dénouement que l’on sent venir. Si elle n’évite pas toujours le chantage au sujet lourd et certaines redondances entre le “vouloir dire” et les effets appuyés de mise en scène, Léa Fehner montre un tempérament, une vraie ambition dramaturgique et un certain sens du casting. Des garçons comme Reda Kateb ou Vincent Rottiers confirment ici leur talent et leur capacité à imprimer un écran.

 

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 16:36

19138702-r 760 x-f jpg-q x-20090710 051022-copie-1Avant de visonner le film mardi 7 décembre, lire l'article qui suit et visionner la bande annonce.

 

"Un prophète" : la prison, une école de la vie selon Jacques Audiard

  18.05.09 | 10h05  •  Mis à jour le 18.05.09 | 22h09

La scène se passe samedi 16 mai, à 11 heures du matin, dans le Grand Théâtre Lumière de Cannes, où s'achève la projection de presse du cinquième long métrage de Jacques Audiard, Un prophète. Cela tient en peu de mots : un volume d'applaudissements et un je-ne-sais-quoi qui fait trembler l'air, dont l'addition suggère que si le palmarès était proclamé aujourd'hui, Jacques Audiard quitterait Cannes avec la Palme d'or dans sa poche.

De fait, c'est un film admirable qu'on vient de voir. Riche, complexe, subtil, sous tension permanente, dérangeant et généreux. Deux heures trente de mise en scène rigoureuse et inventive dans un genre peu et mal servi par le cinéma hexagonal : le film de prison. A l'exception du Trou de Jacques Becker (1960), c'est le plus grand jamais réalisé en France.

La raison en est simple, c'est qu'Un prophète est beaucoup plus qu'un film de prison. C'est aussi un récit de vengeance, un roman d'éducation, une allégorie politique.

Voilà le paradoxe du lieu comme du genre : le tout est de savoir en sortir. Pour Malik El Djebena, le héros très discret de ce film, cela prendra six ans. Lorsqu'il entre en centrale, c'est une petite frappe de 19 ans, d'origine maghrébine, analphabète, sans famille, sans ami, sans soutien, à la merci de la violence qui règne en ces lieux. Lorsqu'il en sort, entier et vivant, c'est un homme qui s'est constitué un solide réseau, un butin de guerre confortable, une meilleure compréhension de l'humanité, une foi irréductible en la liberté individuelle, et même une espérance de bonheur amoureux.

Voilà pour le roman de formation, façon Audiard, c'est-à-dire d'une plaisante et anarchisante amertume : la prison comme école de la vie, dans une société gangrenée par la violence et l'injustice. Comme l'a déclaré le réalisateur à l'AFP, "il y a une ironie qui m'a semblé suffisamment intéressante pour en faire un film : ce garçon doit tout à la prison et je ne pense pas que ce soit un cas particulier".

Le cœur du film consiste à nous montrer comment le héros parvient à ce résultat. Là encore, inutile d'attendre d'Audiard la moindre concession à l'idéalisme ou à l'engagement du film documenté. Entièrement reconstitué en studio avec des acteurs professionnels, le film joue le jeu du genre, avec ses rituels et ses passages obligés, mais prend de fructueuses libertés avec ses conventions.

Non seulement parce que les autorisations de sortie obtenues par ce détenu apparemment modèle occasionnent quelques scènes d'action extérieures aussi éblouissantes que décisives. Mais aussi parce que Malik El Djebena est essentiellement un opportuniste, qui réinvente en milieu carcéral les règles du judo et les lois de Machiavel pour préserver, au prix fort, son intégrité : jouer l'intelligence contre la puissance, assumer sa propre abjection morale dans le crime et la trahison, utiliser la force de l'adversaire pour en triompher.

Débarquant dans un univers dominé par deux clans, les Corses et les Arabes, Malik va se soumettre contre toute attente aux premiers, gagner à force d'humiliations et de soumission la confiance du caïd (Niels Arestrup, magnifique dans sa façon de traduire sa violence), encourir l'hostilité de sa propre communauté, afin de parvenir à des fins que le spectateur ne découvre que très tardivement. Admirable intelligence du scénario, là encore, qui révèle à petit feu que ce récit de formation se met au service d'un projet de vengeance personnelle.

Il n'est pas interdit, enfin, de lire dans ce huis clos carcéral une parabole à vocation plus générale. Non pas un plaidoyer sur l'actualité des prisons françaises, mais un miroir tendu à une société de plus en plus éclatée, en butte à la montée des revendications communautaristes et de l'esprit clanique. Cela expliquerait le sort réservé par Audiard à la mafia corse, dont le code d'honneur se révèle pourri par le chauvinisme et le racisme, mais aussi à la pègre maghrébine, qui se prévaut de sa foi rigoriste dans l'islam.

C'est bien, en revanche, à son héros solitaire, prophète en son pays, que va toute la sympathie du cinéaste. Parce que, à défaut d'être un ange, il fait passer sa liberté individuelle avant une quelconque assignation identitaire, parce qu'il témoigne de la manière dont les faibles peuvent résister aux forts.

"J'TRAVAILLE POUR MA GUEULE"

Le "moi, j'travaille pour ma gueule" lâché par le petit Arabe Malik est sans doute un credo que pourrait revendiquer Jacques Audiard, cinéaste à part dans le paysage français. Ni la morale ni la conscience politique n'y trouvent leur compte, mais il y aurait mauvaise grâce à ne pas voir dans cette fraternité entre le réalisateur et son personnage une vraie générosité de cœur.

C'est elle qui permet au premier de signer son meilleur film et au second de crever l'écran. Son interprète, Tahar Rahim, novice au cinéma, offre une prestation époustouflante. Ce n'est pas le grand soir, mais c'est sans doute le maximum qu'un cinéaste puisse faire à la place qui est la sienne.

 

Film français de Jacques Audiard avec Tahar Rahim, Niels Arestrup, Adel Bencherif, Reda Kateb. (2 h 30.)

Jacques Mandelbaum

Article paru dans l'édition du 19.05.09

 

 

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 16:20

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Avant de visonner le film lundi 29 novembre, lire l'article qui suit et visionner la bande annonce.

 

Hagiopic

L’Armée du crime

réalisé par Robert Guédiguian

15 septembre 2009

On attendait beaucoup du nouveau film de Robert Guédiguian, qui depuis quelques films explore les genres avec un bonheur inégal mais une ambition et un souci de renouvellement louables et trop rares dans le cinéma français. L’Armée du crime est hélas loin d’atteindre les hauteurs du Promeneur du Champ-de-Mars, la faute notamment à une reconstitution étonnamment académique. Déception.

 

Dans la France occupée par les Allemands, un groupe d’irréductibles communistes résiste encore et toujours à l’envahisseur. Réfugiés dans la clandestinité depuis l’interdiction de leur Parti en septembre 1939, ils chargent le poète arménien Missak Manouchian de constituer un groupe de têtes brûlées issues de la main d’œuvre immigrée. Souvent très jeunes, les membres du « groupe Manouchian » sont juifs, hongrois, arméniens, roumains, polonais, espagnols… Ils vont multiplier les actions d’éclats – attentats, sabotages, assassinats de soldats et d’officiers allemands – jusqu’à ce que se referme sur eux l’étau d’une police française qui n’hésite pas à recourir à la délation et à la torture.

Un tel sujet éveille des échos très actuels dans notre monde obsédé par le spectre du terrorisme, par la peur de l’immigré, par les questions de l’engagement individuel et collectif. Robert Guédiguian semblait le choix le plus évident pour mener à bien ce projet : fils d’un Arménien et d’une Allemande, communiste lui-même, il ne pouvait que se reconnaître dans la figure de Manouchian, qui sacrifia son idéal de non-violence pour défendre ses convictions politiques, et qui le jour même de son exécution écrivait dans une belle lettre adressée à sa femme Mélinée : « Au moment de mourir, je proclame que je n’ai aucune haine contre le peuple allemand et contre qui que ce soit. »

La principale faiblesse du film vient justement de l’admiration manifeste (et légitime) que le cinéaste et ses co-scénaristes Serge Le Péron et Gilles Taurand nourrissent envers le poète-combattant et les résistants qui l’entouraient. Le film insiste un peu trop sur l’évidence de leur engagement, sur leur inflexible volonté, sur leur appétit de vivre contrastant avec les risques insensés qu’ils prennent. Trop beaux, trop nobles de caractère, ils sont figés dans une pose héroïque qui les éloigne irrémédiablement d’un spectateur qui ne demanderait pourtant qu’à se reconnaître en eux. De leur côté, les méchants sont résolument sournois (Tregouët) ou veules (Darroussin), et le compagnon de route qui sera amené à trahir est présenté dès sa première apparition comme antipathique et peu fiable. Le film, en ne présentant pratiquement aucune autre figure que celle de l’héroïque résistant qui serre les dents sous la torture et celle l’abject et sadique collabo, reproduit des clichés qu’on pensait périmés depuis Le Chagrin et la pitié… Il évacue également les questions qui fâchent : si les relations entre les membres du Groupe Manouchian et les dirigeants de la résistance communiste sont montrées comme difficiles (les premiers ayant du mal à se plier à la discipline que souhaitent imposer les seconds), L’Armée du crime ne questionne jamais la stratégie de la résistance communiste, qui envoie en première ligne les partisans immigrés tandis que les Français restent (relativement !) à l’abri…

La mise en scène reproduit malheureusement la faiblesse du point de vue : comme le pointait déjà Critikat dans son compte-rendu cannois (le film a été présenté en sélection officielle, hors compétition), on n’est parfois pas bien loin du chromo et du Réalisme Soviétique... La musique d’Alexandre Desplat n’aide pas : surlignant les passages dramatiques, elle étouffe l’émotion qu’elle s’évertue à susciter par l’abus de violons. Les plans sont comme embarrassés par le poids de la reconstitution historique ; journaux, affiches, uniformes, véhicules et boutons de manchette, rien ne manque, sinon un souffle qui viendrait animer ce décor trop léché. L’Armée du crime est un film scolaire et illustratif, tellement appliqué à remplir son devoir de mémoire qu’il oublie de rendre vivantes les figures qu’il panthéonise.

On ne s’attendait pas, bien sûr, à ce que Guédiguian (mal)traite la Seconde Guerre mondiale avec la désinvolture et l’inconséquence d’un Quentin Tarantino, mais on aurait aimé qu’il prenne moins de gants, et qu’il s’inspire, par exemple, des leçons de La Bataille d’Alger. Cet insurpassable « film de résistance », réalisé par Gillo Pontecorvo en 1966, s’attachait aux détails prosaïques, au quotidien de la clandestinité, et parvenait ainsi, sans discours surplombant, à inscrire l’action dans un présent frémissant plutôt que de la figer sous le vernis de l’Histoire. Une seule scène de L’Armée du crime est digne de cet illustre modèle : celle où les résistants hésitent puis renoncent à lancer une grenade dans un bordel… après l’avoir dégoupillée. Ces quelques minutes pleines d’humour et de suspense mettent en lumière, sans lourdeur ni didactisme, les dilemmes moraux qui pèsent sur ceux qui prennent les armes au nom d’une juste cause. Elles permettent surtout, par comparaison, de mesurer l’échec d’un film digne mais inhabité.

Sébastien Chapuys

 

 

 

 

 

"L'Armée du crime" : l'affiche rouge, histoires de sang et sens de l'histoire

 

| 15.09.09 | 16h31  •  Mis à jour le 22.09.09 | 10h49

Trois semaines après le premier, un autre groupe de juifs décidés à tuer des Allemands arrive sur les écrans. Ce n'est pas tout à fait une coïncidence que L'Armée du crime, de Robert Guédiguian, sorte vingt jours après Inglourious Basterds, de Quentin Tarantino, après qu'ils se sont croisés au Festival de Cannes, au mois de mai.

Au moment où meurent les derniers témoins, Tarantino a estimé qu'il était temps de lever l'interdit historique qui pesait sur la période et de jouer avec l'histoire de la seconde guerre mondiale (comme un enfant joue avec sa panoplie de cow-boy). Robert Guédiguian sait lui aussi qu'une période s'est achevée, mais, face à la débâcle générale des idéaux ou des illusions portés par ceux qui ont combattu l'Allemagne nazie, il a voulu revenir à la source.

L'Armée du crime est la mise en scène d'un soulèvement, celui des jeunes combattants immigrés du groupe Manouchian, et de son écrasement, à partir du souvenir laissé dans la mémoire collective (celle du mouvement communiste) et individuelle (celle de Guédiguian).

Il est difficile de voir un film dont on a suivi le tournage des jours durant, comme nous avons pu le faire pendant l'été 2008, sans se souvenir de la manière dont le réalisateur, les acteurs et les techniciens y ont travaillé. Les intentions affirmées à l'époque (politiques, historiques, bien sûr, mais aussi esthétiques) et la méthode (collective, empreinte d'un sérieux et d'un respect peu communs sur les plateaux) apparaissent clairement. Ce qui est à l'écran vient comme l'accomplissement d'une promesse qui, aux yeux d'un témoin de la fabrication du film, est entièrement tenue.

La trame dramatique de L'Armée du crime aurait pu servir à Hollywood. Un type fort, intelligent et séduisant qui recrute des comparses pour accomplir des exploits périlleux, ça a beaucoup servi.

En 1943, Missak Manouchian (Simon Abkarian), réfugié arménien, fut chargé par la direction communiste de former un groupe armé, sous l'autorité de la Main-d'oeuvre immigrée, organisation communiste regroupant les travailleurs nés ailleurs qu'en France.

La bande rassemblée par Manouchian comptait dans ses rangs nombres de juifs originaires d'Europe de l'Est, mais aussi des Italiens antifascistes et des républicains espagnols. Dans ces rangs, Guédiguian a choisi quelques figures pour leur jeunesse, leur violence. Thomas Elek (Grégoire Leprince-Ringuet) et Marcel Rayman, un lycéen doué en chimie et un ouvrier champion de natation, deviennent des tueurs. Parce que Guédiguian - l'affiche du film en témoigne - ne fait pas mystère des buts de guerre du groupe Manouchian. Il fallait tuer des Allemands, les plus gradés possible, à défaut le plus grand nombre possible, autant pour démoraliser l'ennemi que pour montrer aux Français que la lutte armée était possible.

C'est la première fois que l'auteur de La ville est tranquille s'essaie à un film de cette ampleur. Et la seconde (après Le Promeneur du Champ-de-Mars, chronique des derniers jours de François Mitterrand) qu'il s'éloigne de Marseille. Mais il n'a pas posé ses bagages en chemin. Il montre l'exécution d'officiers allemands ou un attentat à la grenade pour ce qu'ils sont, des moments de violence, de souffrance et de peur. Et quand l'exaltation saisit l'un des jeunes clandestins, elle est mise en scène pour ce qu'elle est, une émotion ambiguë qui sert les buts assignés par le parti mais met en danger l'intégrité de celui qui se réjouit de la mort de ses ennemis.

La figure de Manouchian est là pour servir le projet politique et éthique de Guédiguian : un homme capable de tuer tout en continuant à vivre et à aimer sa compagne Mélinée (Virginie Ledoyen). Sur l'autre rive, il y a les tristes figures des policiers français qui firent tomber le groupe.

Jean-Pierre Darroussin (qui déjà jouait le militant du Front national dans Marius et Jeannette) incarne un fonctionnaire compétent qui succombe à la tentation que lui met sous le nez le commissaire David (Yann Tregouët), technocrate de la lutte anticommuniste.

Ce sont eux les exécutants du martyre du groupe Manouchian, tout comme Vichy se mit à la disposition des occupants pour monter l'opération de propagande qui fit que l'affiche rouge dénonçant "l'armée du crime" fut placardée sur les murs de France.

Tout dans le film, y compris les libertés prises avec la chronologie des événements, tend à exprimer l'essence de cet affrontement, à en dégager le sens. Les derniers films de Robert Guédiguian, et particulièrement Lady Jane (2008), mettaient en scène la désorientation, la colère face à la perte de ce même sens, qui fut celui de l'histoire.

Alors que Ken Loach, qui montrait les mêmes interrogations dans It's a Free World (2007), s'est réfugié dans la comédie fantaisiste de Looking for Eric, son camarade Guédiguian a remonté le temps pour retrouver une vérité perdue et la rapporter à ses contemporains.

 

Film français de Robert Guédiguian avec Simon Abkarian, Virginie Ledoyen, Grégoire Leprince-Ringuet, Robinson Stévenin. (2 h 19.)

 

Thomas Sotinel

Article paru dans l'édition du 16.09.09

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 16:12

19154475-r 760 x-f jpg-q x-20090817 114448"Je suis heureux que ma mère soit vivante" : ce fils qui aime si fort sa mère indigne

29.09.09 | 16h17  •  Mis à jour le 29.09.09 | 16h17

 

A quoi bon inventer des histoires alors qu'il suffit de puiser dans les faits divers ? Celui que raconte ce film est troublant à souhait, et pain bénit pour une analyse freudienne. Elle avait inspiré en 1991 un article à Emmanuel Carrère dans L'Evénement du jeudi, à partir duquel le producteur Jean-Louis Livi avait gambergé, sollicité Jacques Audiard, qui envisagea de la porter à l'écran avant de rebondir sur un autre projet. Il sert aujourd'hui de trame au scénario du quinzième film de Claude Miller, le premier qu'il coréalise avec son fils Nathan.

Julie, jeune femme de banlieue dépassée par les tâches que lui incombe sa responsabilité maternelle, et déterminée à mordre les plaisirs de la vie sans contrainte, abandonne un jour ses deux fils, Thomas, 5 ans, et Patrick, encore bébé. Les gamins sont adoptés par un couple sans enfants, dure tâche au regard de ce que leur fait subir Thomas, qui manifeste à leur égard une injuste rancune, une violence d'écorché vif.

Thomas n'a qu'une idée en tête : retrouver sa mère biologique, renouer avec elle, prolonger cette complicité quasi animale qui le liait à elle et que son geste égoïste a rompue. Devenu mécanicien dans un garage, il se lance sur sa piste, sonne chez elle, découvre qu'elle a un troisième fils. Le récit de ces retrouvailles est sidérant, loin de tout ce qu'un scénario logique pouvait imaginer.

A juste titre, Claude Miller ne tarit pas d'éloges sur Vincent Rottiers, le jeune comédien qui incarne Thomas : "Je n'avais jamais vu un tel phénomène depuis Charlotte Gainsbourg (qu'il dirigea dans L'Effrontée, en 1985, et La Petite Voleuse, en 1988) ", dit-il.

La réussite de Je suis heureux que ma mère soit vivante doit aussi beaucoup à la présence de Sophie Cattani, dont on a oublié qu'elle était en lice pour le César du Meilleur espoir féminin en 2005, dans Selon Charlie, de Nicole Garcia. Loin de tout cliché, de tout effet, elle campe la mère indigne avec une telle crédibilité, une telle brutalité naïve, une telle bonne conscience et, paradoxalement, une telle humanité qu'on la croirait jaillie d'un film de Maurice Pialat, l'orchestrateur modèle des caractères saisis sur le vif.

Les étonnantes retrouvailles de cette femme dénuée du moindre instinct maternel et de ce garçon en détresse se situent sur un terrain douloureux : celui de l'oedipe. Lorsque sa mère l'a quitté, Thomas avait l'âge où ses rapports avec elle étaient essentiellement sensuels, à base de câlins. Celle qui l'accueille aujourd'hui sans la moindre culpabilité éclipse à ses yeux toutes les autres femmes.

Elle éveille sa libido lorsque, dans un tiroir, il découvre des photos d'elle nue. Il la fait passer pour sa petite amie auprès de sa mère adoptive et de la fille qu'il accoste dans un cinéma. Le vouvoiement dont il use avec elle trahit une attirance érotique qui néanmoins lui répugne, même s'il se comporte avec son nouveau petit frère comme un père de substitution. Il a d'ailleurs vite fait d'évacuer la question des géniteurs, condamnant cruellement son père adoptif à une incurable dépression.

Le meurtre des pères est accompli sans agressivité : ils n'existent pas à ses yeux. Le matricide est en revanche une tentation, car celle à laquelle il envoie des fleurs, avec laquelle il danse et qu'il considère comme "la femme de (sa) vie" est par trop insensible, ingérable. N'en disons pas plus, le film débouche sur un renversement inattendu.

Innocence amniotique

Nathan Miller ne nous en voudra pas de souligner combien ce film qui évite les tentations du romanesque se situe dans une veine dont son père est friand.

Inauguré par une scène de baignade qui rappelle le goût de Claude Miller pour les piscines, les lieux ramenant au plaisir de l'innocence amniotique, Je suis heureux que ma mère soit vivante est hanté par le même secret que dans La Meilleure Façon de marcher (1976), Dites-lui que je l'aime (1977), Garde à vue (1981), Mortelle randonnée (1983), La Classe de neige (1998), Betty Fisher (2001) : la violation de l'intime, l'enfance indélébile, la quête d'une connivence interrompue, la gestion des déviances parentales par les enfants (ou l'inverse), le réflexe de se projeter dans la vie d'un proche. Regardant le monde à travers une main brandie en viseur de caméra, Thomas, ici, se fabrique un impossible flash-back.

 

Film français de Claude et Nathan Miller avec Vincent Rottiers, Sophie Cattani, Christine Citti. (1 h 30.)

 

Jean-Luc Douin

Article paru dans l'édition du 30.09.09

 

 

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21 novembre 2010 7 21 /11 /novembre /2010 15:46

l-enfer-d-henri-georges-clouzot-18781-2117080265.jpgAvant de visonner le film mercredi 23 novembre, lire l'article qui suit et visionner la bande annonce.

 

 

L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot réalisé par Serge Bromberg et Ruxandra Medrea

 

À partir de plusieurs heures de rushes tournés en 1964 et retrouvés par hasard, Serge Bromberg et Ruxandra Medra cherchent à retracer la genèse du film inachevé d’Henri-Georges Clouzot. En enquêtant sur les raisons d’un échec, ils réalisent un film passionnant sur un artiste en quête du « chef d’œuvre absolu ».

 

En 1964, à Garabit, l’infarctus d’Henri-Georges Clouzot interrompt brusquement le tournage cauchemardesque de L’Enfer, histoire d’un homme torturé par la jalousie, que son auteur rêvait comme son chef d’œuvre définitif. Cette fin brutale marque le commencement de la légende d’un projet maudit. Clouzot tournera deux autres films par la suite, mais n’achèvera jamais celui-ci. Les premiers rôles tenus par l’éblouissante Romy Schneider et le sanguin Serge Reggiani, le budget illimité consenti par les producteurs américains, la réputation de tyran de Clouzot, le décor du viaduc de Garabit, qu’EDF avait prévu de vider, imposant ainsi un calendrier inamovible... Tout concourait à alimenter la légende.

En 2005, après des années de bataille juridique puis d’oubli, sont redécouvertes les cent quatre-vingt cinq boîtes de rushes tournés quarante ans plus tôt. À partir de l’exhumation de près de quinze heures d’images, et de la plongée dans des archives colossales (les essais des acteurs, tentatives visuelles et sonores psychédéliques, des partitions ou storyboards, interviews), Serge Bromberg et Ruxandra Medrea retissent l’histoire de ce tournage pour en faire le scénario d’un drame. Au regard des images hallucinantes de Clouzot, on peut regretter l’indigence des images tournées aujourd’hui dans une lumière bleutée, par Bromberg et Medrea, interview des témoins de l’époque ou dialogues rejoués par Bérénice Béjo et Jacques Gamblin. De même que peuvent gêner certaines maladresses effets sonores malheureux, ou démonstrations un peu scolaires.

 

Mais il serait dommage de s’arrêter à cette impression, car, au-delà des grandes qualités didactiques que l’on connaissait déjà à Serge Bromberg, on lui découvre des talents de conteur. « L’histoire commence, et elle commence mal », nous dit-il en voix off. Et c’est bien cela, le grand mérite de L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot : raconter le tournage comme un drame, avec ses tensions, ses moments de grâce, ses rebondissements... Bromberg et Medrea utilisent le principe de la mise en abyme pour scruter la chute du film de Clouzot dans les abîmes de la création. Les auteurs reprennent au film de Clouzot son ton dramatique, sa structure en flash-back et transposent le canevas du scénario de la fiction palimpseste de 1964 au documentaire de 2009, en racontant comment un homme a priori raisonnable, bascule peu à peu dans la folie, comment tous les éléments convergent progressivement vers l’évidence de sa déraison.

Avec une pointe de malice, les documentaristes ouvrent leur film par une interview dans laquelle Clouzot expose comment il désire, avec L’Enfer, traduire en images la plongée fictionnelle de Marcel Prieur, cafetier du Cantal, dans la folie. Avant d’ajouter, comme pour légitimer son propos : « J’ai connu la dépression, la vraie, pas celle des starlettes. » Les documentaristes prennent au mot ce cinéaste en flagrant délit d’identification à son personnage : « Marcel Prieur, c’est moi », affirme-t-il ? Qu’à cela ne tienne, Bromberg et Medrea vont croiser les indices, documents à l’appui, et rechercher parmi les témoins de l’époque ce qui a pu faire basculer le cinéaste dans la démence de la création. Clouzot a voulu étudier l’accumulation des signes et des manifestations de la folie obsessionnelle chez un homme sans histoires : il en devient lui-même le sujet de l’enquête psychologique qu’il entendait mener.

 

À la question : « Est-ce l’éblouissante beauté de sa jeune femme Odette (Romy Schneider) qui est responsable de la jalousie de Marcel Prieur ? » coïncide une autre interrogation : « Est-ce le budget illimité dont Clouzot a bénéficié qui l’a paradoxalement mené à sa perte ? » Pourquoi le cinéaste a-t-il continué de réaliser des prises pour des scènes déjà tournées, alors que le retard pris sur le calendrier de tournage devenait catastrophique ? Les raisons circonstancielles qui ont gangréné ce projet ambitieux et difficile, telles que l’obligation de tourner vite dans un site qui allait subir des travaux, la mésentente entre le cinéaste et son acteur, etc., ne suffisent pas à Bromberg et Medrea qui cherchent ailleurs des réponses. Le souvenir du Clouzot de Quai des Orfèvres, cinéaste méticuleux, est confronté par les témoignages à l’évocation de la Nouvelle Vague, et à son goût pour l’improvisation. En inventant des images modernes, cherchant du côté de l’art cinétique, ou envisageant la piste sonore des dialogues comme une mélodie que l’on peut ralentir ou distordre, Clouzot semble s’acharner avec une volonté farouche à ne pas se laisser dépasser par son époque.

 

Sur l’enquête archivistique et le diagnostic psychologique se greffe une réflexion sur l’état du cinéma à cette période charnière que sont les années 1960. Clouzot avait choisi de filmer les hallucinations délirantes du mari jaloux comme des visions subjectives dans lesquelles la perception est altérée, déformée. Le film se partage donc entre le noir et blanc extrêmement composé des scènes « réalistes » et les visions subjectives en couleur. Clouzot se livre dans ces inserts narratifs à toutes les fantaisies visuelles et sonores, prévoyant des effets spéciaux de couleur au développement de la pellicule, des effets de distorsion des voix. Le tour de force de ce documentaire est de faire surgir le souvenir de nombreux cinéastes, sans pourtant les citer nommément. On pense à Renoir et à Partie de campagne [1], avec ce très beau gros plan du visage de Reggiani balayé par des ombres changeantes. On se rappelle les effets visuels de Vertigo d’Hitchcock, et bien sûr, on pense à Persona, que Bergman tournera quatre plus tard, lorsqu’on voit les essais dans lesquels apparaissent des portraits constitués des moitiés de deux visages différents.

 

De ce dispositif de confrontation des images noir et blanc et de celles en couleur, émerge un sentiment de répulsion à l’encontre de ces dernières. Images de la folie, elles sont recouvertes de toute la vulgarité du fantasme de la jalousie : les images sont laides, outrancières, comme peut l’être le délire de l’homme qui soupçonne sa femme de le tromper. Ces images mentales de la folie, en remplissant trop bien leur rôle, finissent par se disqualifier d’elles-mêmes. Au travers du dispositif binaire de son récit, Clouzot semble livrer, au sein même de son propre film, une querelle des anciens et des modernes, un combat avec le démon. C’est comme si le film lui-même devenait fou. Peu à peu, à la vision du documentaire, on envisage que la maladie mentale est devenue celle de Clouzot, pris dans une surenchère de recherches esthétique, puis enfin, la folie du film, qui se déchire progressivement, comme touché par une schizophrénie qui le fait passer sans cesse d’une composition équilibrée baignée d’éclairages veloutés, à un déchaînement hystérique. Grâce à l’habile gradation du récit de Bromberg et Medrea, et une fois passée la fascination de la prouesse technique, de l’audace expérimentale de certaines images, on envisage quel ratage aurait pu être le film de Clouzot achevé. L’Enfer d’Henri-Georges Clouzot est une démonstration poussée à l’extrême que tout film est, comme le disait Rivette, « avant tout le documentaire de son propre tournage ».

Raphaëlle Pireyre

 

Notes

[1] Précisons que le neveu du cinéaste, Claude Renoir, était le chef opérateur du film de Clouzot.

 

Source: site Critikat.com 

 

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