Réalisé par Matthew Porterfield
Long-métrage américain . Genre : Drame
Durée : 01h27min Année de production : 2010
Distributeur : Ed Distribution
Synopsis : Cory meurt d'une overdose d'héroïne dans une maison abandonnée de Baltimore. La veille de ses funérailles, sa famille et ses amis se réunissent pour partager leurs souvenirs. Dans leurs récits apparaît en filigrane le portrait d'une ville rongée par la pauvreté, les conflits générationnels et le désir partagé par tous de vivre, malgré tout, le rêve américain.
Matt Porterfield: "J'aime le cinéma qui dépasse les clivages entre documentaire et fiction"
Par Thomas Baurez (Studio Ciné Live), publié le 09/09/2011 à 07:00
A seulement 33 ans, Matt Porterfield s'annonce comme l'un des plus sûrs espoirs du cinéma indé US. Alors que son formidable deuxième long métrage, Putty Hill, sort en salles, nous l'avons rencontré.
Putty Hill suit la trajectoire de plusieurs personnages quelques heures avant l'enterrement d'un de leurs proches. C'est aussi le nom d'un quartier de Baltimore où se déroule l'intrigue. En quoi ce lieu est-il important pour vous?
Le quartier où j'ai été élevé est très proche de Putty Hill qui se trouve, comme lui, à la lisière entre la campagne et la ville. C'est donc un endroit à la fois bucolique et très urbain. J'aime ce mélange. Dans les années 90, il était surtout peuplé de familles blanches issues de la classe ouvrière. Depuis, une plus grande mixité de population s'est développée. Si j'ai étudié à New York, mon esprit est toujours resté à Baltimore. Les films que j'avais en tête me ramenaient sans cesse là-bas ! Le nom de mon premier long métrage : Hamilton, portait d'ailleurs le nom de mon quartier d'enfance.
Quand vous est venue l'envie de cinéma?
Mes parents étaient tous les deux professeurs. Je me suis très vite intéressé au théâtre et à la photographie. Le cinéma est arrivé beaucoup plus tard. Alors que j'effectuais des études de psychologie, je me suis tourné vers les cours de ciné qui me paraissaient plus funs ! J'ai intégré ensuite la NYU. Enfant, j'étais solitaire, voir des films était une façon de m'évader et d'envisager la vie de façon plus romantique. Le cinéma était forcément mieux que la vie. Plus tard, à New York, j'ai rencontré Jordan Mintzer qui est aujourd'hui mon producteur. C'est lui qui m'a montré les cinéastes importants : Bresson, Tarkovski... Aujourd'hui j'enseigne moi-même le cinéma à l'Université de Baltimore.
La ville de Baltimore est immanquablement associée au cinéma de John Waters (Hair Spray, Serial Mother, Cry Baby...)
John est comme une ombre qui plane sur tous les jeunes cinéastes de Baltimore (rires). Il a vu et aimé mon premier long métrage : Hamilton. Il l'a même placé dans sa liste des dix meilleurs films de 2006. Nous sommes devenus amis. Même si ses films sont très différents des miens, je le considère comme un mentor. Baltimore est un monde en soi, avec sa propre histoire, sa culture, son langage. Waters a révélé sa part excentrique. On peut également citer le travail de Barry Levinson (Rain Man...), qui s'intéresse à la communauté juive de la ville. Il y a également la série The Wire, ancrée dans un registre sociale et politique.
Putty Hill joue sur l'ambivalence entre documentaire et fiction....
J'aime le cinéma qui dépasse les clivages entre documentaire et fiction, un cinéma qui demande paradoxalement beaucoup de mise en scène. Qu'importe que le spectateur ne soit pas sûr de ce qui est réel, l'écran doit lui renvoyer une certaine idée de la vérité.
D'où viennent vos comédiens?
La majorité d'entre-eux ont été casté à Baltimore pour la préparation d'un autre long métrage qui ne s'est finalement pas fait. Certains des rôles principaux sont tenus par des jeunes qui avaient déjà une petite expérience de la caméra, d'autres, en revanche, sont des amateurs que nous avons repérés à la sortie d'un "mall" (un centre commercial, ndlr), d'une église ou sur internet. Par exemple, Spike, le tatoueur joue ici son propre rôle. Je l'ai rencontré dans un bar par hasard. Il jouait au billard, je lui ai demandé s'il ne voulait pas être dans mon film. Nous sommes sortis du bar, il a vu mes tatouages, nous avons commencé à parler, puis j'ai atterri chez lui où il m'a raconté sa vie et notamment sa récente sortie de prison. Je savais qu'il aurait une place centrale dans Putty Hill.
Quelle est la signification du tatouage sur votre avant bras?
I used to be darker est le nom de mon prochain film que je viens juste de finir. Pour trouver des financements, j'ai posté une vidéo sur le net où l'on me voit me faire tatouer. Nous étions à une semaine avant le début du tournage et avions besoin de fonds. I used to be darker, raconte l'histoire d'une famille dont les parents musiciens se séparent. C'est très écrit par rapport à mes précédents longs métrages.